Les prochaines élections municipales marqueront l’arrivée de centaines de nouveaux(-velles) élu(e)s partout au Québec. Dès leur assermentation, ces personnes auront à prendre des décisions structurantes et à plonger dans les rouages d’une organisation municipale qui ne leur laisse que peu de répit. Dans ce contexte, il est essentiel qu’elles soient bien accompagnées.
C’est précisément la mission que s’est donnée la Fédération québécoise des municipalités (FQM) en matière de formation : outiller les élu(e)s pour leur permettre d’exercer leur mandat avec confiance, rigueur et efficacité. Déjà bien implantée, l’offre de la FQM est en constante évolution pour s’adapter aux nouvelles exigences réglementaires et à la réalité du terrain.
Des formations obligatoires
À compter des élections générales de 2025, deux formations seront désormais obligatoires pour tous les élu(e)s municipaux. La première, en vigueur conformément à la Loi sur l’éthique et la déontologie en matière municipale1, stipule que tout membre d’un conseil municipal doit, dans les six mois suivants le début de son premier mandat ou dans les neuf mois suivants le début de tout mandat subséquent, suivre une formation sur l’éthique et la déontologie en matière municipale, dont le contenu minimal obligatoire est fixé par la Commission municipale du Québec (voir la chronique de la CMQ en page 46 du Quorum du mois de juin 2025).
La seconde, en vertu de l’article 8 de la Loi sur le ministère des Affaires municipales, des Régions et de l’Occupation du territoire2, permet à la ministre de prévoir, par règlement, des formations sur le rôle des membres des conseils municipaux et sur le système municipal. Un projet de règlement a d’ailleurs été publié à cet égard, le 5 février 2025, dans la Gazette officielle du Québec.
Bien que ce projet prévoie l’obligation pour un membre du conseil de suivre cette nouvelle formation d’une durée minimale de 7,5 heures, comportant 4 grands thèmes différents, dans les neuf mois suivant son entrée en fonction, la FQM propose d’étendre cette période à douze mois, de manière à tenir compte du rythme réel du travail des élu(e)s, des autres formations déjà exigées et des impératifs municipaux à respecter en début de mandat.
À l’heure actuelle, seule la formation en éthique est en vigueur. Celle relative au rôle et aux responsabilités des membres des conseils municipaux, bien que prévue, n’aura force obligatoire qu’à l’adoption du règlement, dont les modalités demeurent à préciser3. La FQM plaide pour que ces modalités soient réalistes et bien arrimées à la capacité des élu(e)s d’y répondre.
Une approche réaliste, humaine et flexible
Depuis plusieurs années, la FQM développe ses formations avec un souci central : refléter la réalité des élu(e)s du palier municipal. Pour beaucoup, la politique municipale est un engagement à temps partiel, souvent conjugué à un emploi principal, des responsabilités familiales, communautaires et personnelles. Dans ce contexte, la formation ne doit pas être une charge de plus, mais un appui concret.
L’offre de la FQM s’adapte donc à ces contraintes :
- Parcours différenciés selon qu’il s’agisse d’un(e) élu(e) d’expérience ou d’un(e) nouveau(-velle) venu(e) en politique;
- Formats variés, allant des séances en ligne à l’autogestion, en passant par des formations de groupe et des interventions sur mesure, dans les régions;
- Calendrier souple, permettant à chacun(e) de progresser selon sa disponibilité.
Cette flexibilité est essentielle pour favoriser une participation active et volontaire à la formation, tout en assurant la qualité et la pertinence des contenus.
Des demandes réalistes au gouvernement
Dès leur entrée en fonction, les élu(e)s municipaux doivent se familiariser avec leur nouvelle fonction et gérer certaines priorités. Parmi celles-ci, le budget municipal et le programme triennal d’immobilisations (PTI), qui doivent être adoptés avant le 31 janvier 2026. Or, ces tâches arrivent en parallèle de la formation obligatoire en éthique – dont les délais sont déjà serrés – et du nouveau parcours de formation générale. Résultat : un chevauchement qui entraîne une surcharge pour nos élu(e)s. Face à ce constat, la FQM recommande un ajustement simple et pertinent : allonger le délai de la formation générale obligatoire à douze mois.
Cette demande s’appuie sur des principes d’équité, de faisabilité et de qualité pédagogique. Elle permettrait aux élu(e)s de suivre leur formation de manière réfléchie, sans précipitation.
Une offre qui évolue avec les enjeux
Parce que les défis municipaux évoluent, les parcours de formation doivent en faire autant. La FQM travaille activement à revoir et à enrichir son offre, non seulement pour intégrer les nouvelles exigences réglementaires, mais aussi pour développer des compétences complémentaires, humaines et transversales.
De plus, la Fédération adopte une nouvelle perspective : plutôt que d’imposer un contenu uniforme, elle souhaite proposer des formations sur mesure, en réponse à des besoins spécifiques que les élu(e)s ou les municipalités identifient eux-mêmes. Gestion des conflits, communication publique, gouvernance inclusive, transition écologique; autant de sujets qui peuvent désormais s’inscrire dans une démarche personnalisée. Cette approche permet à la formation de demeurer un outil vivant, en phase avec les réalités du terrain et les cadres législatifs en transformation. Elle traduit aussi la volonté de la FQM d’innover, de collaborer et d’agir comme véritable partenaire du développement des compétences municipales.
Une mission essentielle pour une gouvernance forte
Dans un contexte de renouvellement démocratique, de complexité croissante des enjeux municipaux et d’attentes élevées de la population, former les élu(e)s n’est pas un luxe, c’est un levier indispensable. Une gouvernance locale solide repose sur des décideurs bien informés, bien entourés et confiants dans leurs capacités. C’est dans cet esprit que la FQM poursuit sa mission. Elle est prête à collaborer activement avec le ministère des Affaires municipales et de l’Habitation pour adapter son offre de formation à la réglementation à venir, tout en défendant un cadre de mise en œuvre réaliste et souple.
1 RLRQ c. E-15.1.0.1, art. 15
2 RLRQ c. M -22.1, art. 8
3 Au moment d’écrire ces lignes, la ministre des Affaires municipales n’avait pas
encore publié la version finale du règlement.