Depuis 2009, Bernard Gaudreau est maire de Neuville, municipalité de près de 4 500 habitants située dans la MRC de Portneuf. Et depuis bien plus longtemps, il est avocat associé dans un grand cabinet. À ces deux fonctions exigeantes s’ajoutent trois enfants, une conjointe engagée, une passion pour la course à pied et une volonté constante de servir sa communauté. Rencontre avec un élu qui ne fait rien à moitié… même quand ce n’est pas sa job à temps plein.
« Je suis devenu maire alors que mon premier enfant avait quelques mois. »
Quand Bernard Gaudreau s’est lancé en politique municipale, c’était d’abord par passion. Puis, en tant que conseiller municipal, il a ressenti le besoin d’aller plus loin, de porter des projets concrets pour sa ville. Il admet avoir fait le saut de conseiller à maire avec une certaine naïveté, mais avec beaucoup de conviction..
« On ne mesure pas l’ampleur de la tâche avant d’y être. Il n’y a pas de fiche de poste pour un maire! Chaque milieu est différent, chaque enjeu aussi. Le spectre est immense : de la voirie à la culture en passant par la gestion humaine. Il faut aimer être stimulé », confie-t-il.
De la discipline… et une équipe soudée
Bernard Gaudreau le répète : sans une discipline exemplaire, impossible de conjuguer ses rôles. « Mon agenda est millimétré. Je suis avocat de formation, spécialisé en droit des affaires. Mes journées sont pleines. Alors mon temps de travail doit être bien planifié à l’agenda », explique-t-il.
Mais au-delà de la planification, c’est l’entourage qui fait toute la différence. Sa conjointe s’est énormément investie dans la famille. Il l’admet sans détour : il n’aurait pas pu s’impliquer autant sans sa précieuse partenaire. Bien sûr, il a été parfois absent à des parties de ses enfants, mais Bernard Gaudreau les a aussi amenés avec lui à bien des activités où sa présence était nécessaire. Pour ses enfants, cela a rendu son travail plus concret.
Savoir rester à sa place
Bernard Gaudreau insiste sur un point : connaître ses responsabilités, et respecter celles des autres. « Je n’interviens pas dans la gestion quotidienne. Je ne fais pas d’administratif. J’exerce un rôle politique : j’anime les réunions, j’oriente les projets. On a des employé(e)s municipaux très compétents. Le succès, c’est une question de rigueur, de confiance et de collaboration », mentionne le maire.
Ce respect des champs de compétence est, selon lui, une condition essentielle à la conciliation. « La politique municipale peut facilement devenir un gouffre. Il faut savoir doser. Il y aura toujours plus à faire, mais il faut apprendre à déléguer, à faire confiance, à prioriser ».
Quand la mairie s’invite dans les imprévus
Malgré toute la rigueur du monde, les imprévus ne manquent pas. Et là aussi, l’agilité devient un atout. « On gère selon la situation. Il m’arrive de déplacer une rencontre ou de modifier un ordre du jour pour faire de la place à une urgence. Mais je privilégie la prévisibilité. C’est en planifiant qu’on garde la tête hors de l’eau », rappelle M. Gaudreau.
Il souligne également l’importance de la gestion en équipe. « Quand nos employé(e)s savent exactement vers où nous voulons aller, leur travail est facilité et la gestion des dossiers est beaucoup plus facile, et cela évite au maire d’intervenir de manière régulière dans les
dossiers. »
La vie municipale… dans les sentiers de course
On pourrait croire que ses semaines sont déjà bien remplies, mais Bernard Gaudreau ne manque pas une occasion d’aller à la rencontre des citoyen(ne)s. « J’aime mon monde, comme on dit. Je cours avec un club local, je participe à la vie communautaire. Les gens viennent me parler naturellement. »
Et même lorsqu’il est sollicité en dehors des heures officielles, il le vit comme un privilège. « Les gens sont bienveillants. Même quand ils ne sont pas d’accord, les échanges sont riches. C’est ce lien direct qui fait la
beauté du rôle », fait-il valoir.
Être maire, c’est un sport d’équipe
Selon lui, on ne peut pas exercer cette fonction sans un esprit de collaboration très fort. « Tout repose sur la capacité à travailler ensemble. Le conseil municipal, les employé(e)s, les citoyen(ne)s : chacun a un rôle à jouer. C’est en optimisant “qui fait quoi” qu’on réussit à tenir la cadence. »
Loin d’être un élu solitaire, Bernard Gaudreau voit dans cette dynamique partagée la clé de sa longévité en politique municipale. « Je suis rendu à ma 16e année et j’ai toujours la même passion qu’au début. »
Un message clair pour les futurs élu(e)s
Quand on lui demande ce qu’il dirait à quelqu’un qui hésite à se présenter, il répond sans détour : « Foncez! Mais prenez le temps de bien comprendre dans quoi vous vous embarquez et faites confiance à vos expériences personnelles et professionnelles. Évitez de considérer votre implication pour un seul projet. Il faut avoir une vision, une volonté d’implication durable. »
Et si la naïveté peut parfois être un frein, elle peut aussi devenir un moteur. « Je suis content d’avoir commencé sans tout savoir. Ça m’a permis de rester moi-même. Mais il faut rapidement apprendre à naviguer dans un environnement complexe, régi par des lois, des règlements. Il faut comprendre l’univers dans lequel on entre, comme on apprend à skier avant de se lancer dans les sentiers », indique celui qui croit que sa formation d’avocat a probablement été un atout.
Un appel aux jeunes… et aux femmes
Enfin, il souhaite que de nouvelles voix se joignent aux conseils municipaux. C’est un appel qu’il souhaite entendu par tout le monde. Pour lui, la diversité n’est pas qu’un enjeu de représentativité, c’est une richesse collective. La vie municipale? Pour Bernard Gaudreau, rien de plus important qu’elle ressemble à ceux et celles qu’elle sert.
Trois citations qui résument bien sa vision
« La politique municipale, ça se vit en famille. »
« Ma conjointe a consacré énormément de temps à la famille. Sans elle, je n’aurais pas pu m’impliquer comme je le fais. Les enfants ont compris que papa ne serait pas toujours là, mais qu’il s’investissait dans des dossiers importants. »
« C’est une fonction exaltante, mais il faut être discipliné. »
« On pourrait y consacrer 24 heures par jour. Il faut poser des balises, connaître ses responsabilités, et faire confiance à nos équipes. »
« On a besoin de plus de jeunes et de femmes autour des tables municipales. »
« C’est facile à dire, mais comme élu(e), on a un rôle à jouer pour interpeller ce public. On aurait tellement avantage à avoir des conseils plus représentatifs de notre société. »