Des milieux de vie inclusifs et sécuritaires pour favoriser la santé globale

04 mars 2025
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L’aménagement du territoire, qu’il soit urbain ou rural, joue un rôle crucial dans la promotion des loisirs et des saines habitudes de vie au Québec. De la plus petite localité à la grande ville, la conception de nos espaces communs doit tenir compte des besoins spécifiques des populations vulnérables, telles que les aîné(e)s, les personnes à mobilité réduite et les familles à faibles revenus.

Ces choix d’aménagement influencent directement la capacité de tous les citoyen(ne)s à adopter un mode de vie actif, à participer à des activités physiques et récréatives, et à s’engager pleinement dans la vie communautaire. Les municipalités et MRC, en s’adaptant à leur réalité territoriale, ont le pouvoir de transformer leurs milieux en espaces inclusifs qui favorisent non seulement l’activité physique, mais aussi l’équité sociale et le bien-être collectif.

Adapter l’aménagement aux besoins spécifiques des populations

Le vieillissement de la population pose des défis particuliers pour l’offre en loisirs, notamment dans les régions rurales où les distances sont plus importantes. Selon l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), un environnement bâti inclusif1 et durable peut favoriser la mobilité, l’autonomie et la participation sociale des aîné(e)s, en particulier grâce à des infrastructures adaptées qui encouragent les déplacements actifs et sécuritaires.

Dans les noyaux villageois, l’entretien des trottoirs et l’installation stratégique de bancs publics permettent aux aîné(e)s de maintenir une vie active2 en réduisant les obstacles à la mobilité. Ces actions ont été identifiées comme prioritaires dans plusieurs municipalités visant à devenir plus actives, selon un guide publié par Le Pointeur.

Pour les secteurs plus éloignés, l’accent peut être mis sur l’aménagement de points de rencontre communautaires accessibles, comme les parcs municipaux ou les centres de loisirs. Ces lieux deviennent des espaces privilégiés3 pour les activités physiques adaptées et pour renforcer les liens sociaux.

Favoriser la sécurité et l’accès pour tous

La sécurité dans la pratique des loisirs, particulièrement pour les femmes, prend une dimension différente en milieu rural. Si l’éclairage reste important autour des installations sportives et des sentiers récréatifs, les études de l’INSPQ montrent que les solutions doivent être adaptées au contexte local. Les municipalités gagnent à consulter leurs citoyennes pour identifier les zones nécessitant des améliorations, qu’il s’agisse de sentiers de randonnée entre les hameaux ou d’espaces d’activités physiques dans les coeurs villageois.

Pour les enfants, l’enjeu dans les petites municipalités est souvent lié à l’accès aux espaces de jeu actif et aux installations sportives. Le Lab-École4 souligne l’importance d’aménager des environnements qui stimulent naturellement l’activité physique. Si cet aspect peut se travailler par le biais de l’architecture de l’école, cela peut aussi se traduire par des corridors actifs sécurisés dans les villages, ou encore par des parcs mobiles pour les secteurs moins densément peuplés.

Solutions innovantes pour un mode de vie actif

L’éclairage intelligent peut être déployé de manière ciblée pour prolonger les heures d’utilisation des installations sportives et récréatives. Les petites municipalités optent souvent pour des solutions progressives, en commençant par les zones dédiées aux loisirs comme les terrains de sport et les sentiers. Les lampadaires à détection de mouvement permettent d’encourager l’activité physique en soirée tout en réduisant les coûts. À Shawinigan, Dorval ou encore Saint-Ours, cette approche a permis, évidemment, de diminuer les coûts d’électricité, mais aussi d’améliorer le sentiment de sécurité et l’accès aux infrastructures.

Le transport actif devient aussi un vecteur de loisir en milieu rural. Au-delà des pistes cyclables traditionnelles, plusieurs municipalités innovent avec des solutions comme les sentiers multifonctionnels quatre-saisons ou les programmes de vélos5 partagés à l’échelle de la MRC, transformant les déplacements quotidiens en occasions d’activité physique.

L’accessibilité universelle favorise l’accès aux infrastructures à tou(te)s.
Les stations de vélo-partage à l’échelle d’une MRC permettent un meilleur accès à tous au transport actif en milieu rural.

Accessibilité universelle : un levier pour tous

L’accessibilité universelle6 est une approche inclusive qui prend en compte les différents besoins et les conditions de vie des individus. Elle vise notamment une utilisation équitable de l’environnement bâti. Cette accessibilité universelle aux installations de loisirs se concrétise différemment selon l’échelle du territoire. Les petites municipalités peuvent prioriser l’adaptation de leurs équipements sportifs et des parcours actifs. Certaines initiatives7 démontrent que même des aménagements modestes peuvent avoir un impact significatif sur la participation aux activités physiques et récréatives. Pour garantir une véritable accessibilité universelle, il est essentiel d’adapter les trottoirs en y incluant des rampes, des surfaces antiglisse et des passages piétons surélevés avec une signalisation inclusive. De plus, favoriser des transports accessibles, en déployant des bus équipés de rampes et des arrêts adaptés, permet d’assurer une mobilité équitable. Par ailleurs, la mise en place de rues complètes, intégrant des infrastructures pour tous les types de déplacements, contribue à créer des environnements sécuritaires et inclusifs pour les piétons (et notamment les enfants), les cyclistes et les personnes à mobilité réduite. Ces initiatives, bien qu’elles puissent paraître simples, améliorent considérablement la qualité de vie des citoyens en facilitant leurs déplacements au quotidien.

Des réussites inspirantes pour la promotion des saines habitudes de vie

La MRC du Granit illustre parfaitement comment la collaboration intermunicipale peut démocratiser l’accès aux infrastructures sportives. Son Réseau Bleu Blanc Vert mutualise les ressources de plusieurs petites municipalités pour offrir une variété d’activités physiques et récréatives à moindre coût.

En Chaudière-Appalaches, les diagnostics VRAC-PARC ont permis aux municipalités d’identifier leurs priorités en matière d’aménagement favorable aux saines habitudes de vie. Cette approche a conduit à des projets comme la création de parcs intergénérationnels et l’aménagement de corridors actifs entre les villages.

Les municipalités ont un rôle décisif à jouer dans la création de milieux de vie inclusifs et sécuritaires. En adaptant leurs politiques et infrastructures pour répondre aux besoins des populations vulnérables, en investissant dans l’éclairage, l’accessibilité universelle et le transport actif, et en s’inspirant des initiatives locales exemplaires, elles peuvent améliorer significativement la qualité de vie de leurs citoyen(ne)s. Ces actions renforcent non seulement la santé publique, mais également la cohésion sociale et le sentiment d’appartenance communautaire.