Dès ce mois de juin, la langue française sort des sentiers battus et monte à bord d’un véhicule bien spécial. Direction : les régions du Québec, leur accent, leur parler coloré et leur créativité linguistique. La Fédération québécoise des municipalités (FQM), en collaboration avec Visages régionaux, dévoile une série balado audacieuse et rafraîchissante intitulée Comment tu dis ça?, qui mettra en valeur la vitalité de la langue française dans nos territoires. Un projet soutenu financièrement par le gouvernement du Québec.
Le projet se veut à la fois un hommage à la richesse du français parlé dans les régions, une célébration de la créativité linguistique et un appel à la fierté. Fierté d’avoir une langue qui vit, qui évolue, qui appartient à toutes celles et tous ceux qui la parlent.
Une traversée du territoire… et de la langue
L’idée derrière Comment tu dis ça? est simple, mais ambitieuse : prendre la route pour écouter comment le français se parle, se chante et se vit aux quatre coins du Québec. Loin d’un exercice académique, cette série propose une plongée sonore dans la réalité linguistique des régions. Chaque épisode nous transporte dans une nouvelle portion du territoire, de la Côte-Nord à l’Abitibi-Témiscamingue, en passant par la Gaspésie, le Saguenay–Lac-Saint- Jean et le Centre-du-Québec. Les voix qui s’y font entendre sont multiples : celles de citoyen(ne)s rencontrés sur le terrain, de spécialistes, d’artistes et de passionné(e)s de la langue.
La narration prend la forme d’une discussion à deux voix entre les coanimateur(-trice)s, Gabrielle Thouin, journaliste et documentariste sonore, et Gabriel Martin, linguiste. C’est dans leur voiture, entre deux arrêts, qu’ils réfléchissent à ce qu’ils ont entendu. Le ton est complice, accessible, parfois drôle, toujours curieux. La série alterne ainsi entre séquences de route, entrevues, ambiances captées sur le vif et prestations artistiques inspirées des thèmes abordés.
La langue qui bouge
L’approche du balado est volontairement hybride : entre le documentaire et la création. On y parle de régionalismes, d’accents, de mots qui survivent et d’autres qui émergent. On y aborde aussi l’insécurité linguistique, l’influence des arts sur le langage, ou encore le rôle de l’immigration dans le façonnement du français d’aujourd’hui. Ce sont des questions complexes, mais traitées avec nuance et humanité. Le tout est ponctué d’extraits musicaux évocateurs tirés d’artistes d’ici qui viennent illustrer avec poésie et mordant les thèmes abordés. Dans les épisodes, on entend aussi des voix artistiques fortes comme celles de la poète Erika Soucy et de la comédienne Ève Landry, qui offrent une lecture sensible et incarnée de la langue régionale. Cela permet aussi de montrer comment les artistes s’approprient la langue et ce qu’ils en font par la suite.
Un clin d’œil à l’histoire, un regard sur le présent
Si le projet est résolument tourné vers le présent, il s’inscrit aussi dans une filiation avec le travail colossal mené dans les années 1970 par Gaston Dulong et son équipe dans le cadre de l’Atlas linguistique de l’Est du Canada. À l’époque, plus de 700 locuteur(-trice)s avaient été rencontrés dans 150 villes et villages pour répertorier les mots du quotidien. Aujourd’hui, Comment tu dis ça? reprend la route, non pas pour figer la langue dans le béton, mais pour montrer qu’elle est toujours bien vivante, qu’elle se nourrit des territoires et des gens.
Le balado rend aussi hommage aux multiples identités qui composent le Québec francophone. On y entend la voix de jeunes qui se réapproprient leur accent, d’artistes autochtones qui jonglent avec deux langues, de nouveaux arrivant(e)s qui apprennent à apprivoiser les expressions locales. Le français québécois n’est pas une langue unique, c’est un ensemble de façons de parler — et d’être — qui évoluent au fil des générations, des lieux et des expériences.
Une fierté régionale, une langue sans complexe
La mission première du projet est claire : renforcer la fierté linguistique en région. Dans un contexte où l’uniformisation guette et où l’accent des grandes chaînes domine les ondes, Comment tu dis ça? remet les régions à l’avantplan. Non pas comme des témoins d’un français d’autrefois, mais comme des foyers de création linguistique actuels. On y célèbre les expressions colorées, les sonorités typiques, les mots inventés dans une cuisine de rang ou une salle communautaire.
Ce projet porte aussi une valeur éducative, sans jamais tomber dans le ton professoral. Il s’adresse aux jeunes, aux nouveaux Québécois(es) et à toutes celles et tous ceux qui souhaitent renouer avec une langue pleine de surprises. Une langue qui se parle fort, qui fait rire, qui touche et qui unit.
Un partenariat ancré dans les territoires
Ce projet est né de la collaboration entre la FQM et Visages régionaux, une entreprise reconnue pour sa capacité à créer du contenu ancré dans les réalités territoriales. C’est cette volonté de faire rayonner les régions autrement qui a nourri toute la démarche de création. À travers les cinq épisodes, on sent cette volonté de faire entendre des voix souvent absentes du discours linguistique dominant. Avec Comment tu dis ça?, la FQM confirme son rôle de porte-parole des régions et de promotrice de leur richesse, qu’elle soit économique, sociale ou linguistique. La série se veut un outil de rayonnement, mais aussi un cadeau aux communautés locales : celui de reconnaître la beauté de leur manière de dire, d’exister, de vivre en français.
Alors, la prochaine fois que quelqu’un vous demandera : « Comment tu dis ça, toi? », vous pourrez répondre avec un sourire, et peut-être même lui proposer d’écouter le balado.
Avec Comment tu dis ça?, la FQM confirme son rôle de porte-parole des régions et de promotrice de leur richesse, qu’elle soit économique, sociale ou linguistique. La série se veut un outil de rayonnement, mais aussi un cadeau aux communautés locales : celui de reconnaître la beauté de leur manière de dire, d’exister, de vivre en français.